Texte

Entre mondes et mots

Ne paniquer pas, tout ceci est un exercice. Tous propos et opinions exprimées n’engagent que l’auteur. Toutes ressemblances est purement fortuites.  Ou pas.

Voyage littéraire et visuel dans le monde d’un funambule taciturne

« Recueil d’élucubrations à la volée. »

Volume 1. Où tout se semble.

Articles

#1. Me comprendre ?

#2. Me croire?

#3 Me voir?

#4. Se Revoir?

#1 Me comprendre?

Volte-face, à vous serrer le vice.

En direct de mon ordinateur portable, confiné dans les champs, mon camion braille le Eminem Show en pleine crise existentielle. Le chant des oiseaux me tend les bras. Résultat du scrutin de note. C’est quoi ça, de la neige ? Laisse-moi redescendre de notre putain de manège. Bientôt tripes et boyaux s’arracheront dans un vent de renouveau, dentiers et clavicules voleront en éclats pour notre sécurité. Nous serons enfin réunis à l’échelle mondiale, dans une fosse d’immondice.

Il y a quelques jours à peine, on assurait la division.
On connaît le scénario. Les partis se lancent les patates chaudes comme à la récré. Les marionnettes jouent les victimes comme à la télé. Les victimes jouent dans la rue, entre les flashballs et les pavés. La violence est une réponse quasi instantanée. Là-bas, une infirmière tabasse un flic matraquant un pompier qui brule une voiture. Dans l’autre ruelle, un gosse se fera piétiné par les bottes d’un officier militaire. On camouflera l’affaire avec une bonne petite pandémie pendue dans les gros titres. Faudrait qu’on pense à se lâcher de l’acide dans les globes une bonne fois pour toute. Sordides sont les idées des pitres qui nous guident.

Laisse-moi te dire que j’ai encore mal au bide, à trop ressentir le poids de ce monde livide dans mon cœur schizophrène. Pas de réveil entre le café et le somnifère, on va devoir défoncer les portes sur l’arrière-cour restée trop longtemps barricadées. Les réponses étaient planquées en nous, la camisole devait se placarder à l’intérieur de nos petites têtes pas vrai? vous avez peur ? Ils ont réussi. Es-tu inconscient, engagé ou prêt à mourir ? Sur la balance, n’oublions pas que nous sommes la marge négociable au bon fonctionnement de la machine. Et la machine se fou bien de perdre les boulons tant que l’on reste au bon service de sa maintenance technique…
 
Plus personne n’embellis les murs de ma ville, comme dans les années mûres de ma délinquance. J’aurais pu le graffer sur ton amour propre, j’aurais pu te faire douter au coin d’un parking. J’aurais pu le gueuler dans un micro, les yeux dans les tiens peut-être. Pourtant m’entendrais-tu ?

J’arrive, fortifié de mes années de métaphores, dérouté de mes doubles-sens. Je ne vous vends rien mes braves. La bave ne se vend pas. Je ne vous propose ni chiasse publicitaire, ni solution. C’est un crachoir, un coup de corne dans la brume, une urne dans lequel je glisse mes burnes, humides de mes humeurs aux heures les plus mornes. Taciturne et scribe compulsif, me voici Utopix.

#2 Me croire?

« Les gens marchent dans leurs propres croyances. La religion se remplis les poches, La vérité est remplie de foutre.

Tout l’monde s’en branle. Elle n’est pas bien bavarde et pourtant, personne ne se la veut pour compagne. On lui crache à la gueule nos perceptions biaisées, nos arrangements tacites. On se la joue pratique du moment que ça roule facile. Faut juste que l’image colle au tableau, après on se fou bien de fabriquer des sourires en plastique, d’astiquer les chibres de bambins chétifs dans un loft monacale pour le weekend. La luxure est aussi banale que la misère, ça crève les yeux.
Bref, l’impétueuse rivière de la vie s’assèche sous d’absurdes justifications, nos tentatives de donner substance aux maux ou même un sens aux mots. Tout en cherchant à se rappeler nos hallucinations, on l’oublie petit à petit. La vérité, sodomisée à sec et laissée sur le trottoir. Alors certain fou la cherche, de tout leur être. Lui cherche même un nom…
Elle, discrète et pourtant omniprésente, n’en a pas besoin. Voilà pour dieu, voilà pour vos cultes. Tous ces chants mystifiés par la religion ont foutu un vacarme d’enfer. On s’est bien fait avoir. Parce que tout était emmitouflé dans le silence depuis le début.

Alors histoire de contourner le sujet, on va écrire des mots, à s’en faire péter le mouflet par la panse. La plume s’enrage quand la rage me plume, et me voilà gribouillant des pages pour vivre encore un peu de cette prose, momentanément en effervescence. »

 

#3 Me voir ?

Contrat de diction.

Alors ça sera rédaction contradictoire, réaction entre dicton de con et espoir dicté, addiction et un revers de dictionnaire improvisé. Une dictature du geste approprié, mon droit dans ta bienséance. Et si on le sent bien, mon doigt dans ton bon séant.  On s’ensemence. Tu parles, pour te toucher, il me faut invoquer des formules. Alors je continue de les mettre bout à bout. En grosses lettres, les réunir, comme un autiste qui doit réassembler. Quoi ? Lui. Moi ? Nous.  Charabia. Che Rabia ! La colère d’un mot qui chante « toujours debout ». La transformation du soi profond. Parfois le méta cogne, transpose et métamorphose, comme un feu dans la mémoire du mohican, en transe de proses pour aiguiser sa lame.

Chasse ou pêche. Revenir du voyage en lâchant mes armes.

#4 Se Revoir?

Ce  besoin récurrent de solitude, de ne plus avoir à faire à l’humain. Parfois je m’échappais au beau milieu des cours pour rejoindre la forêt. Pas vraiment  intègre à la société, pas capable de survivre en ingérant des racines non plus. C’est une fuite en avant, lié à mon état d’agacement. Cette sensation de grand paraître général, de grand théâtre composé de semi-vérité, de routes tracées, de perpétuel renoncement. Je papote devant un mur avec la vie qui attends de l’autre côté, pendant qu’ici, on écrase les mouches collées à la paroi et on en fait un métier.  J’ai l’impression d’écraser des mouches, de regarder un mur et de voir une acceptation qui m’est inacceptable. J’aurais envie de secouer tout le monde, alors je me secoue moi-même. Fasciné par mon espèce, comme l’observateur d’un cancer en évolution. Je pense parfois à la phase terminale.

C’est paradoxe en masse comme à chaque fois. Je suis socialement entouré et parfois si seul . Comme une rouille sur la racine, je me sens déconnecté.

Freerun en Freestyle, il nous manque toujours quelques choses, un amour, une seconde, une parole ou un mètre, un Morgan Freeman. On le remplace par quelque chose de plus con, un petit mensonge ou une bière pour se sentir protégé sans trop savoir de quoi.  On se noie dans les finalités sans savourer les chemins. Si je parle des autres, c’est que je parle de moi et c’est  le plus rude. Souvent, ma misanthropie s’atténue et revient. J’adore l’humain, et je le déteste. Je suis en somme, fou de vous, globalement.